Du 18 juillet au 7 août 2013 la grande Mecque du cinéma de genre se trouve à Montréal, au festival Fantasia pour être précis. Plus gros événement du style sur le territoire nord-américain, Fantasia est une véritable référence en la matière, un marathon de projections proposant plus de 100 long-métrages et 150 courts venu du monde entier, avec toujours une prédilection pour les territoires orientaux. Malheureusement, aucun rédacteur de TORSO n’a eu la chance de faire le déplacement cette année, faute de temps et de moyens, mais nous avons tout de même voulu vous proposer un petit topo du programme 2013. Entre les films croisés à Cannes, au Marché du Film ou en sélections, les titres attendus avec plus ou moins d’impatience et certaines reprises, notre rédaction est familière avec certains des titres que les spectateurs chanceux de l’été montréalais découvriront dans les salles obscures de l’université Concordia. Fantasia, c’est un événement que nous apprécions particulièrement, et nous observons de près une programmation qui se révèle toujours aussi riche d’années en années.  

En attendant son passage à l’Etrange Festival cette année, on pourra par exemple découvrir le documentaire occulte du non moins occulte et trop rare Richard Stanley (Hardware, DustDevil), qui nous manque toujours malgré sa récente présence au générique de l’anthologie The Theatre Bizarre (avec l’intéressant mais pas très abouti Mother of Toads). Le film s’appelle L’autre monde, et s’intéresse à une petite région perdue au milieu des Pyrénées (patrie d’adoption de Stanley depuis un bon nombre d’années) auxquelles on prête nombre de légendes et d’événements surnaturels.

Fantasia est aussi une excellente occasion de redécouvrir beaucoup de films plus anciens, à l’occasion de nombreuses reprises. Cette année, on retrouve par exemple deux films d’Andrzej Zulawski (L’amour braque et Szamanka) à qui sera remis un prix pour l’ensemble de sa carrière ; l’incroyable Temps du massacre de Lucio Fulci, western brutal (ces combats de fouets !) où Franco Nero promène comme à l’accoutumée son étrange visage impassible, le Polyester de John Waters en version québecquoise et en odorama s’il vous plaît ; le très beau La Belladone de la tristesse, film d’animation érotique de Eiichi Yamamoto ; ou encore Sleepaway Camp de Robert Hiltzik, slasher à la fois fun et inquiétant.

Comme de juste, le festival est allé fouiller à Cannes cette année, dont il a extirpé pas mal de long-métrages issus du Marché du Film. De ce qu’on a pu en voir, il faut d’abord noter le déjanté Cheap Thrills d’E.L. Katz (dont vous trouverez une critique sur ce site), en attendant de pouvoir le découvrir – là encore – à l’Etrange en septembre. Le thriller coréen est également de la partie avec les très honnêtes A Company Man de Lim Sang-yoon et Confessions of Murder de Jung Byung-gil. On trouvera aussi une série de bêtes de concours festivalières dont on a déjà entendu parler (l’anthologie V/H/S 2, le slasher d’Adam Wingard You’re Next qui sortira en salles en septembre chez nous, The Complex d’Hideo Nakata…). Du Marché, Fantasia est également allé chercher des films plus dispensables : le pinku-eiga glauque et poussif Hello, My Dolly Girlfriend de Takashi Ishii, le gentiment idiot Library Wars de Shinsuke Sato, Missionary, survival pompier et réactionnaire qui déçoit beaucoup de la part d’Anthony DiBlasi ou encore le routinier Return To Nuke ’em High Volume 1 de l’increvable mais désormais sans idées Lloyd Kaufman.

Le festival est aussi allé chercher du côté des sélections officielles de Cannes, puisqu’on y retrouve le polar en demi-teinte de Takashi Miike, Shield of Straw ou le très alléchant Magic Magic de Sebastian Silva.

Au rayon des films très attendus dont la sortie en salles françaises ne fait aucun doute, citons The Conjuring de James Wan, son nouveau film de flippe qu’on espère au moins aussi sympathique qu’Insidious, et The World’s End, comédie SF d’Edgar Wright qu’on espère plus proche d’Hot Fuzz que de Paul.

L’opulente sélection du festival fait la part belle aux inédits de tous horizons, dont certains font déjà le tour des festivals depuis quelques temps. Horror Stories, assez bonne anthologie horrifique coréenne. L’intrigant anime japonais After School Midnighters de Hitoshi Takekiyo, comédie fantastique burlesque ayant pas mal fait parler de lui à Sitges ou Annecy. L’un des piliers de cette édition sera certainement la projection de Bad Film, que SONO Sion avait inachevé en 1995, perdu au milieu de 150 heures de rushes. Cette histoire de guerre des gangs mettant à contribution des membres du collectif Tokyo GAGAGA fait rêver d’avance, même si l’on s’étonne un peu de l’absence du dernier film du réalisateur japonais pourtant très présent à Fantasia depuis le début de sa carrière : Why Don’t You Play In Hell ?. On est très intrigués aussi par The Battery de Jeremy Gardner, film de zombies atypique dont on a pu lire qu’il constitue un croisement entre les films de Romero et Bellflower d’Evan Glodell (!). Citons également le documentaire I Am Divine de Jeffrey Schwarz, consacré à l’égérie transsexuelle de John Waters, le délire monstrueux de Mike Mendez Big Ass Spider ! ou encore Drug War de Johnnie To, œuvre antérieure au bien terne Blind Detective qui semble renouer avec les œuvres plus sombres qui ont fait la réputation du cinéaste Kong-Kongais.

Il y aura donc de quoi faire pour les chanceux qui pourront s’y rendre. Pour les autres, on espère croiser en France dans un avenir proche une bonne partie de la sélection dans nos festivals à nous. Ce qui démarre avec L’Etrange Festival en septembre !