Sleepaway Camp 2, Unhappy Campers
Sleepaway Camp 2, Unhappy Campers (USA - 1988)
Réalisation : Michael A. Simpson
Scénario : Fritz Gordon, d'après une idée originale de Robert Hiltzik
Interprétation : Pamela Springsteen, Renée Estevez, Tony Higgins |voir le reste du casting
La forêt murmure des histoires à peine audibles. C'est toujours ainsi, lorsqu'il fait nuit: les arbres semblent sur le point de se déraciner tandis que le vent fait bouger leurs branches, le sol paraît sur le point de s'ouvrir à tous moments. Et les adolescents reprennent les histoires de la forêt, et en donnent leur propre version...
Sleepaway Camp 2 s'ouvre ainsi sur un rendez-vous autour du feu, l'un de ceux auxquels on croit tous avoir participé, voici de ça longtemps déjà. Tout le monde porte les mêmes vêtements, et chacun affiche les doutes et les certitudes de son âge. On aimerait bien aborder la fille qui, sur le banc d'à côté, frissonne un peu. On se perd dans la contemplation de la chair de poule sur les jambes blanches dévoilées par un immonde short beige, le même que celui de toutes les autres. On est sur le point de lui dire... Mais pour l'instant, il s'agit de se faire peur.
L'histoire qui s'invente autour du feu est à dormir debout. Un meurtre sous une douche, une flèche dans une gorge, une tueuse qui s'avère tueur avant de redevenir tueuse... une suite de clichés cinématographiques. L'histoire qui s'invente autour du feu sera, le temps d'un film, un passé, et le film lui-même sera à la fois son lendemain et son commentaire. Michael Simpson, le metteur en scène de Sleepaway Camp 2, décide, bien avant le Wes Craven des Scream, d'offrir un point de vue distancié sur le slasher, tout en conservant la critique acerbe qui faisait le sel du précurseur Black Christmas de Bob Clark. Plutôt que de gloser sur les règles narratives d'un genre et les plus ou moins multiples variations et mises en abimes qu'elles offrent, Michael Simpson décide de creuser un sillon critique et comique. Chaque aspect du slasher est amplifié, tous sauf un: la figure du tueur-purificateur, loin d'être aussi iconique que dans un Vendredi 13, est réduite à une kapo en bottes de rando au physique d'écureuil, (sans doute lesbienne selon les rumeurs du camp, sources moyennement fiable), incarnée avec fougue par Pamela Springsteen (soeur de selon les rumeurs du camp, sources etc etc).
Une fois la nuit oubliée, les adolescents font donc des blagues idiotes, montrent diverses parties de leur anatomie, et meurent dans d'atroces souffrances – ou rentrent chez leurs parents, pour reprendre l'expression consacrée choisie par la chef de colo psychopathe. Ils ne participent plus à l'histoire, quelle histoire, quelle histoire? Mais l'on rit. L'on suit le film comme rarement on l'avait fait dans le genre, surpris d'y trouver une veine satirique aussi franche. On regarde avec plaisir les jeunes idiots se déguiser en Jason et Freddy pour faire peur aux filles, et finir en morceaux sous la tronçonneuse d'un Leatherface d'opérette. On oublie la musique médiocre, la lumière désastreuse, et on trépigne devant le jeu de massacre, culminant dans une apothéose digne des plus beaux EC Comics, influence manifeste du film. Sleepaway Camp 2, petite perle oubliée des eighties, est donc à découvrir de toute urgence, autant pour le fan du genre completiste que pour le cinéphile touche-à-tout.
Sleepaway Camp 2 sort en dvd chez Oh My Gore: