The Body
The Body (Espagne – 2012)
Réalisation : Oriol Paulo
Scénario : Oriol Paulo & Lara Sendim
Interprétation : José Coronado, Hugo Silva, Belén Rueda...
The Body, réalisé par le scénariste des Yeux de Julia (bon film de Guillem Morales qui, néanmoins, ne brillait pas particulièrement par son scénario), en met plein la vue dès le départ. Une jolie scène d’accident de voiture, une photo très soignée qui claque outrageusement sur une pluie battante, qui clament haut et fort le sérieux de l’entreprise, que la suite confirme :
on se trouve devant un polar « de qualité ». Un polar toutefois mâtiné d’un fantastique opportuniste et trompeur, pour faire la courbette aux festivals (il est évidemment passé à Sitges) et s’inscrire d’office dans cette encombrante « vague espagnole » dont on ne sait toujours pas exactement ce qu’elle englobe (Jaume Balaguero, Alex De La Iglesia, Nacho Vigalondo, Kike Maillo… peut-on sérieusement y voir une vague ?).
Un corps disparaît dans une morgue le soir même de sa mort. Pas de chance, c’est celui de Belén Rueda, dont on devra se contenter de quelques pauvres apparitions à l’écran, en guise de rôle sacrifié. Son mari va enquêter, avant de se retrouver soupçonné par la police.
A mesure que le film se déroule, la poudre aux yeux s’envole et ne reste plus qu’une succession de plantages en règle. A la mise en scène d’une triste platitude (fin de suspense : Oriol Paulo n’était pas le brillant cerveau de l’ombre des Yeux de Julia, dont la mise en scène ne doit probablement pas grand-chose au scénariste) s’ajoute d’encombrantes et orgueilleuses références (Hitchcock, Clouzot, excusez du peu) qui ne servent qu’à surligner la vacuité de l’ensemble. In fine, le faux coupable en est un vrai, et un plan « Hitch approved » à travers un verre de vin achève de placer Oriol Paulo bien loin de tous Soupçons.
Quant au twist… que dire, à part qu’il est certes tordu mais surtout stupide, mal amené, bavard et terriblement creux. Pourquoi, par exemple, introduire dès le début du récit la thématique du corps vieillissant de la femme abattue par son mari lui préférant une plus jeune ? Pourquoi, alors qu’au final le « mobile » du meurtre n’y fait pas vraiment référence. Pourquoi créer une telle aura autour du personnage de la morte (« elle était parfaite » souligne sa belle-mère en la regardant sur la vidéo de son mariage) pour finalement dessiner un personnage aussi insignifiant ?
Cerise sur le gâteau, le metteur en scène a brillé devant les micros du PIFFF au cours d’un Q&A assez terrible où personne n’a trouvé grand-chose à lui demander. Ce qui tombait bien, Oriol Paulo n’ayant pas eu grand-chose à répondre.