Bad Taste (Nouvelle-Zélande – 1987)

Réalisation : Peter Jackson

Scénario : Peter Jackson, Tony Hiles & Ken Hammon

Interprétation : Peter Jackson, Terry Potter, Pete O'Herne...

 

Revoir Bad Taste aujourd'hui, presque vingt-cinq ans après sa sortie et devant un public acquis d'avance (celui du PIFFF, en l'occurence), est forcément une expérience intéressante. Cet hommage décapant et souvent décapé au film gore et à sa groupusculaire démocratisation sous forme de série Z, frappe de bien des manières en 2012. Par pure recontextualisation, on peut y voir avec plaisir un élan totalement décomplexé qui piétinait joyeusement cette époque de bon goût délavé et d'esthétique MTV dans lesquelles allait se vautrer la décennie à venir.

Bad Taste 2

La manière dont Peter Jackson fait de Bad Taste une comédie est toujours aussi surprenante aujourd'hui (je le devine surprenant à l'époque, mais je n'avais que deux ans, je ne saurais dire...) puisqu'il ne se moque pas du tout du genre, ni de ses éventuelles pantalonnades. En fait, il n'intègre même pas l'humour à son film gore, il fait autre chose: une comédie gore, dans une acception qu'on a un peu oubliée aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'une parodie ou de l'un de ces films qui jouent maladroitement la carte du décalage. L'intérêt de Bad Taste ne réside pas du tout dans la manière dont il recycle des formes (grossomodo, du Hershell Gordon Lewis avec un surplus de cradingue dans le gore) pour s'en moquer, fut-ce gentiment. On est bien loin du Retour des tomates tueuses. Son intérêt est plutôt d'être pensé comme un film drôle et gore à la fois. Ni plus, ni moins. Ses ressorts comiques se servent évidemment du genre, mais ne le toisent jamais de haut. Ce premier long-métrage est simplement une démonstration à peine subversive qu'on peut rire et avoir l'estomac retourné en même temps. Voilà visiblement la conception du mauvais goût que nourrissait Jackson en 1988. On connaît malheureusement la conception qu'il en a aujourd'hui...

Ce qui frappe en définitive, c'est surtout cette vision simple et pure, dégagée de tout cynisme, de toute prétention, et armée d'un simple désir de s'amuser un bon coup avec les armes qui sont les notres. Si Bad Taste n'est pas un grand film (mais rarement un film se sera autant acharné à ne pas l'être), il reste un long-métrage qu'on est toujours très heureux de rencontrer en festival et au milieu d'un public, comme une réunion de vieux amis pas vraiment venus pour se prendre la tête.

Bad Taste 1

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