Stitch
Stitch (USA – 2013)
Réalisation/Scénario : Ajai
Interprétation : Edward Furlong, Shawna Waldron, Laurence Mason | voir le reste du casting
Si le Marché du Film est l’occasion incroyable de fouiller dans les limbes de la production mondiale actuelle, on est parfois obligé de tomber sur des choses telles que Stitch. Le postulat ne fait pas vraiment rêver : un couple venant de perdre son enfant dans un accident de voiture décide, avec deux amis, de squatter une immense maison afin de s’y livrer à de petites incantations censées chasser le mauvais karma. Hélas, c’est le moment que choisit le mauvais karma pour s’installer véritablement dans la maison, et surtout autour, puisqu’une force cosmique envahit le monde. Le ciel devient violet, et une créature invisible assène de violents coups de chaîne suturant nos pauvres protagonistes qui n’avaient (pratiquement) rien demandé.
Le début du film nous place d’emblée dans un bain Z via un plan aérien surplombant une très rudimentaire voiture numérisée à coups de pelle d’occasion, dans un élan kubrickien douteux. Les choses ne s’arrangent pas à l’arrivée de notre petite bande, à la tête de laquelle trône le pauvre Edward Furlong, devenue l’opulente ombre de lui-même que l’on sait. Ce qui devient vite risible lorsqu’on essaie de nous le présenter comme un terrible séducteur. Le premier acte développe alors une succession de clichés horrifiques (la cave à la lourde porte derrière laquelle quelque chose se terre, la séquence d’incantation au milieu du désert, etc.) très mal servis par une mise en scène faiblarde et un montage aberrant (on peut s’amuser à compter les faux raccords).
Pourtant, une force mystérieuse nous pousse à rester dans la salle et nous conduit quand même, au moment où nos espoirs sont réduits à néant, à réévaluer l’ensemble à l’aune de certaines idées relativement honnêtes. Au centre du film survient par exemple une séquence de cauchemars à répétition plutôt efficace, au cours de laquelle certains stéréotypes du gothique italien peuvent faire leur petit effet. Une poupée prenant vie sur une table de nuit, un réveil en sursaut devant une grande fenêtre derrière laquelle pointe toujours cet infernal ciel violet zébré d’after-effects en forme d’éclairs qui, pour peu qu’on s’habitue à leur laideur, créé presque à la longue une atmosphère singulière. Une certaine vigueur dans l’effet gore parvient par instants à éveiller l’attention, de même que l’étrange progression du récit nous sort finalement des sentiers battus du torture-porn ou du found footage. C’est que malgré les énormes défauts du film, se dégage quand même une certaine volonté de réaliser un long-métrage à l’ancienne, où les forces paranormales se manifestent de façons diverses et inattendues. On comprend d’autant moins pourquoi Ajai s’évertue à mettre en avant sa créature extrêmement mal numérisée (tandis que les effets spéciaux de maquillage sont plus qu’honnêtes) alors qu’il pouvait au contraire profiter de la maigreur de son budget pour aller plus loin dans l’exploration d’un fantastique biscornu et onirique.
Reste une série Z finalement pas désagréable, mais que la teneur globale sacrifie d’office aux bacs à soldes des plus aventureux d’entre nous. Vous m’y trouverez. Stitch est d’ailleurs prévu en octobre sur le territoire américain. En salles ?