I Didn't Come Here To Die
I Didn’t Come Here to Die (USA – 2010)
Réalisation/Scénario : Bradley Scott Sullivan
Interprétation : Indiana Adams, Kurt Cole, Madi Goff | voir le reste du casting
Très modeste bande horrifique shootée au Texas pour la modique somme de 100 000 dollars, I Didn’t Come Here to Die n’est certainement pas « l’un des meilleurs premiers films d’horreur depuis Evil Dead » comme le clame sur l’une des affiches promotionnelles un confrère anglo-saxon qui semble s’être un peu emballé. À défaut de venir titiller le légendaire Ash, le premier long-métrage de Bradley Scott Sullivan (qui date déjà de 2010 mais cherche encore un distributeur international au Marché du Film de Cannes) s’inscrit humblement dans la lignée des petits films fauchés sympathiques, parfois très maladroits mais pas dépourvus d’originalité malgré un manque de moyens parfois bien trop visible.
On suit donc les aventures fort sanglantes d’une bande de volontaires partis défricher un grand terrain isolé, les protagonistes révélant rapidement des motivations très variées et un caractère bien trempé. Autant dire qu’ils sont tous relativement bien allumés. Le scénario, malin et plutôt bien écrit, ne perd pas son temps en circonvolutions inutiles et va droit au but, donnant aux événements qui s’enchaînent une cadence bienvenue qui ne s’essoufflera que sur le dernier quart du film, lorsque la conclusion ne sera plus très loin. Un format resserré (80 minutes) fort appréciable quand pas mal de films de la cuvée cannoise 2013 s’enlisaient dans des durées interminables, mettant à mal la somnolence du festivalier endurci. Si les acteurs ne brillent pas vraiment – ils en font quand même des tonnes – les personnages ont tout de même le mérite d’être sympathiquement barrés et bien servis par un scénario qui détourne intelligemment les clichés du genre et insuffle un peu d’originalité et d’ambiguïté à des figures pourtant archétypales. Ils sont pétris de contradictions flagrantes parfois assez hilarantes et qui évitent au film de tomber dans le piège du déjà-vu.
Le gros défaut du film est cependant le traitement de l’image, alternant entre une surexposition assez hideuse et une flopé de nuits américaines vraiment trop bon marché, rappelant cruellement le manque de moyens criant du métrage. Les qualités indéniables du film font vraiment regretter que l’aspect visuel soit à ce point négligé, tant le long-métrage aurait gagné à se payer une facture plus léchée. On sourit tout de même aux cabotinages de Niko Red Star et Indiana Adams (qui apprendra à ses dépends qu’on ne s’amuse pas avec une tronçonneuse), ainsi qu’au flegme trompeur d’Emmy Robbins, qui interprète la responsable du groupe très rapidement dépassée par les événements. Une chose est sûre, on peut apprécier l’énergie et l’enthousiasme indéniable mis par chacun dans l’entreprise de désintégration massive du groupe. Là où de nombreux films sombrent dans un sérieux aussi lourdingue que soporifique, I Didn’t Come Here to Die rappelle toutes les vertus d’un second degré assumé et d’un humour qui mise avec intelligence sur des situations ambigues plutôt que sur une recherche de la bonne blague qui tâche. Mais que les amateurs de tripaille se rassurent, le long-métrage de Bradley Scott Sullivan déverse quelque hectolitres de sang frais et autres tissus cérébraux.
Un film qui parvient à dépeindre une humanité autodétruite par le télescopage des névroses de ses protagonistes tout en faisant preuve d’une forme plutôt subtile de bienveillance ironique ne peut en soit être un mauvais film. Dans cette optique, I Didn’t Come Here to Die est plutôt une bonne petite surprise, aussi modeste soit-elle. Tonton Ash, de son côté, peut dormir tranquille.