Cold Blooded (Canada – 2012)

Réalisation/Scénario :

 

Cold Blooded est typiquement le genre de film qui passe très bien dans le cadre d’un festival, bonne petite péloche regardée en fin de journée dans une salle confortable du Marché du Film, respiration agréable et humble après une fournée de visionnages douloureusement longs et insipides. Reste que lorsque le moment arrive d’en écrire une critique, il devient quelque peu difficile de trouver qu’en dire d’autre que des banalités. Le premier long-métrage de fiction du canadien Jason Lapeyre ne se démarque pas par son originalité mais parvient cependant à soutenir l’attention du spectateur tout au long du développement d’un scénario malin et bien écrit. Sans véritablement laisser de trace profonde, ce petit thriller sobre et efficace mérite quand même amplement qu’on lui accorde presque une centaine de minutes.

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Coincée pour une nuit de garde dans un hôpital désert avec pour mission de surveiller un prisonnier sonné mais potentiellement dangereux, l’agent de police Frances Jane (Zoie Palmer, vue dans Devil) va devoir faire son métier sans se faire embrouiller par le beau parleur Cordero (Ryan Robbins, croisé à la télévision dans Battelstar Galactica et Sanctuary, ou plus récemment dans Falling Skies et The Killing), qui cache évidemment beaucoup de choses. Après une première tentative d’évasion avortée, la situation va encore se compliquer lorsque débarquent les complices de Cordero, emmenés par l’effrayant Louis Holland (William MacDonald, un autre vétéran de la télévision aperçu au cinéma dans Horribilis et bientôt au générique du remake de Carrie), bien décidés à récupérer les diamants disparus juste après le casse à l’origine de la situation. Frances ne pourra compter que sur l’aide du médecin de garde (Huse Madhavji) pour survivre à cette nuit en enfer à nager au milieu de requins de la pire espèce, prêts à user de tous les moyens pour arriver à leurs fins. Rapidement dépassé par la situation et brutalement mutilé, le policier va tout de même parvenir à se ressaisir et trouvera dans la personne de son prisonnier un allié inattendu et ambigu. Cette association improbable entre deux personnages que tout oppose et qui pourtant s’attirent irrésistiblement fait tout l’intérêt de ce polar à rebondissements et qui n’hésite pas à mettre ses protagonistes dans des situations extrêmes parfois à la limite du vraisemblable.

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L’ensemble des acteurs s’en tire plutôt bien pour faire exister des personnages qui alternent entre nécessité d’action perpétuelle et immobilité subie, avec une mention pour une Zoie Palmer tout en rage contenue qui dégage un sentiment complexe de mélancolie et de courage. Difficile de ne pas trouver le personnage de Frances sympathique : au départ très quelconque et naïve, elle va d’abord être submergée par la brutalité masculine environnante avant de trouver les ressources pour s’en sortir en usant de sang froid et d’intelligence. Un joli personnage qu’on a envie de voir s’en tirer. Ryan Robbins campe quant à lui un Cordero ambigu, séducteur et manipulateur, à la fois vaguement sympathique et ouvertement menaçant. Le duo que les deux personnages forment créé la dynamique du récit, et la nécessité de leur association face à la menace extérieure les pousse à former un couple cinématographique complexe et constamment au bord de l’explosion. William McDonald campe quant à lui un personnage sans morale ni limites, une sorte de démon face auquel les autres truands du film semblent n’être que des enfants de chœur.

Trahissant des moyens plus proches de la télévision que du cinéma, Cold Blooded souffre d’une mise en scène un peu plate et beaucoup trop sage. Pas aidé par les décors très monotones de l’hôpital vide, il faut bien reconnaître que le long-métrage ressemble parfois à un téléfilm bien ficelé. Si on finit par se lasser un peu des multiples retournements de situations de l’histoire, mais le cinéaste a cependant le bon goût de ne pas insister outre mesure et de conclure son film avant que le rythme n'ait eu le temps de retomber. Projeté dans un nombre très limité de festivals, le long-métrage de Jason Lapeyre ne trouvera probablement jamais le chemin des salles nord-américaines (et encore moins des salles françaises). On lui souhaite cependant la petite carrière DVD et télévisuelle qu’il mérite. Un peu de simplicité et d’humilité ne fait de mal à personne. Mais un peu plus d’ambition aurait tout de même été bienvenu.

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