Worm
Worm (USA – 2013)
Réalisation/Scénario : Andrew Bowser
Interprétation : Andrew Bowser, Duncan Barrett Brown, Katie Scarlett Lloyd | voir le reste du casting
Finalement, le found footage n’est jamais que l’une des manifestations d’un phénomène que l’on retrouve ponctuellement dans toute l’Histoire du cinéma : le film, alourdi et conditionné à la fois par son dispositif, narratif ou visuel, souvent synonyme de pénibilité. Pour une Corde d’Hitchcock, combien de Dame du lac ou de Buried, de films se passant intégralement dans une cabine téléphonique, un distributeur automatique ou dans… Nothing ? Longue est la liste de films moins expérimentaux que gadgets, fondés sur un embryon d’idée étirée à l’intégralité d’un long-métrage. Plan-séquence unique, vue subjective unique, lieu d’action exclusif ou images retrouvées sur les lieux d’un événement, système de filmage singulier (téléphone portable, fenêtres informatiques…), il est rare que ces dispositifs encombrants dépassent le simple argument anecdotique. Le Maniac de Frank Khalfoun (pourtant assez bon) et ses extractions objectives obligatoires pour créer un minimum d’emphase en est un symptôme.
L’Américain Worm ne fait malheureusement pas figure d’exception. Tourné en un seul plan-séquence, shooté en go-pro harnachée sur l’acteur principal, qui se trouve être également le scénariste-réalisateur-directeur photo-cadreur (oui, Worm est un peu un film sur le cumul) qui fait du plan unique du film un gros plan sur sa tête, Worm utilise l’argument du film Noir. Il colle, de fait, à la peau de son personnage (le Worm du titre), pauvre bougre accusé à tort d’un crime qu’il n’a fait que couvrir, sans le savoir. Il erre alors dans sa petite ville et, temps réel oblige, on le voit courir à droite à gauche, faire des rencontres généralement malheureuses, et surtout on perçoit ses gestes et actions principalement grâce au son. Et pour cause : on ne voit jamais rien d’autre que son visage en gros plan au sein d’une focale très longue. Soit très peu d’environnement, et presque jamais d’autre personnage dans le champ.
Au-delà de l’inconfort généralisé que ce procédé provoque, on est surtout frappé par sa vacuité, à tous niveaux. A quoi sert pareille mise en forme sachant qu’elle n’induit pas même un certain surplus de réalisme (on appréhende rarement le fonde fixé de face à une tête) et que le scénario n’est pas suffisamment bien écrit ni l’acteur assez bon pour qu’on ait le sentiment d’un déferlement au sein de l’image. Tout au long du film le dispositif n’est que gênant, jamais spectaculaire, et ne se justifie qu’à peine par la vision du monde littéralement étriquée de ce pauvre Worm. Reste une musique pas trop désagréable par instants, mais qui ne sert que de pansement à des passages interminables où sur l’écran rien ne se passe.