Northwest
Northwest (Danemark – 2013)
Réalisation : Michael Noer
Scénario : Michael Noer, Rasmus Heisterberg
Interprétation : Gustav Dyekjær Giese, Oscar Dyekjær Giese, Lene Maria Christensen | voir le reste du casting
Nouveau représentant d’un cinéma de gangsters réaliste débarqué de Scandinavie, Michael Noer réalise avec Northwest une sorte de Scarface minimaliste en banlieue, héritier des Pusher de Nicolas Winding Refn autant que du cinéma social anglais. Casper, jeune banlieusard danois vivant avec sa mère, une petite sœur et un frère sensiblement plus jeune, va intégrer la pègre locale en y faisant entrer ce dernier avec lui. Ce qui va créer une montée en tension dans le quartier.
On voit très vite en quoi Northwest prend racine dans le scénario de Scarface, ce qui est bien senti, puisque symptomatique d’une époque où beaucoup de jeunes idolâtrent Tony Montana. On assiste donc aux passages obligés : montée progressive dans la pègre, négatif mimétique du capitalisme, souhait initial de gâter sa famille avec l’argent gagné puis en mettre plein la vue à sa petite amie, guerre des gangs qui s’organise méthodiquement autour d’une crise de pouvoir et d’ego, et enfin chasse à l’homme terminale. L’intelligence de Northwest est de faire de l’ascension que constitue la première moitié du film une ascension minuscule, au terme de laquelle Casper n’aura finalement pas accompli grand-chose. Par ailleurs, la mise en scène se montre précise, parvient à mettre en valeur des personnages rongés par un appât du gain sans véritable objet, et rend souvent sensible une tension inhérente à ce type de récits.
Malheureusement, l’ensemble reste très convenu et ne cherche jamais vraiment à se détacher des impondérables du genre. Son atout, il le cherche dans sa volonté d’humaniser ses personnages en les opposant à la barbarie qui les environne et, fatalement, les engloutit malgré eux. Ce qui se solde par un contraste sentimentaliste un peu niais du type « notre héros participe au trafic de prostituées mais il est gentil avec sa petite sœur et son pote caresse les chiens ». Le film fait des personnages des victimes du système plutôt que de purs égoïstes salivant devant l’argent facile, et c’est tout à son honneur. En outre, il parvient honnêtement à raconter sa petite histoire de rise and fall d’un anti-héros attachant malgré tout, mais reste trop tiède et trop convenu dans son traitement pour être autre chose qu’anecdotique.