The Major (Russie – 2013)

Réalisation/scénario : 

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Un capitaine de la police russe, réveillé par un coup de fil lui apprenant que sa femme est sur le point d’accoucher, s’empresse de rejoindre la maternité. Il fonce sur une route verglacée et renverse un enfant sous les yeux de sa mère. Il appelle ses collègues, qui s’empressent d’essayer de lui sauver la mise.

A l’instar d’Ugly d’Anurag Kashyap, The Major est un polar désespéré, articulé autour des échecs successifs à la fois d’individus et d’institutions prêts à commettre les pires horreurs pour se sortir d’une terrible situation. Mais là où le film de Kashyap développait un style flamboyant et sophistiqué, Yuri Bykov préfère le réalisme et la sécheresse formelle collant à la peau de ses personnages. La première séquence parvient à rendre l’urgence en crescendo d’un homme qui d’abord veut assister à l’accouchement de sa femme, ensuite cherche à éviter coute que coute d’aller en prison, au détriment de toute morale. Le film culmine alors le temps d’une deuxième séquence dépeignant un commissariat vétuste, où grouillent sous forme humaine et criarde toutes les affaires que la police russe ne traite pas.

The Major

Malheureusement, la suite n’est qu’un enchaînement un peu terne de la bassesse de tous les personnages appartenant à une institution quelconque. En plus du fait que l’ensemble est filmé assez platement, le manque de relief provient surtout de l’absence de contraste dans la dénonciation. S’il n’est pas question de remettre en cause la charge honorable du film, cette absence de contrepoint lui nuit, presque malgré lui. Ainsi, on attend patiemment que les personnages continuent à perpétrer les horreurs dont on les sait capables depuis le début. Ce qui détruit progressivement tout enjeu et donne le sentiment qu’en vingt minutes, le film avait déjà tout dit. Ce que ne rehausse pas une mise en scène naturaliste, collée à ses personnages et à ses angoissants paysages enneigés. Mais la morosité ambiante ternit logiquement tout le film.

Pourtant, The Major n’est pas sans qualités. Outre la séquence dans le commissariat déjà évoquée, le parti pris de ne pas montrer les événements autour desquels l’histoire s’articule (l’enfant mourant et la femme accouchant sont dans les angles morts du film) alimente l’idée que tout est caché et volontairement tu par une société privilégiant l’auto-préservation à la justice. La fin en forme de récupération de la ligne narrative initiale faisant du reste des événements du film une petite sortie de route sans conséquence, un fâcheux contretemps, est assez frappante également. Ce qui n’empêche pas le film de s’enliser dans un marasme généralisé qui, dans sa volonté de brosser un portrait noir ébène sans concession, perd de vue la moindre aspérité humaine.

The Major

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