The Guest (USA - 2014)

Réalisation : 

Scénario : 

Interprétation :  |voir le reste du casting

 

Adam Wingard, depuis ses premiers longs fauchés, est assimilé à une nouvelle garde du cinéma d'horreur américain. Statut qu'il partage avec ses potes Ti West, Adam Gierash, aidé en cela par la galaxie d'artistes aux multiples casquettes qui portent avec lui leurs projets, et dont certains devraient être bien connus des lecteurs de Torso : E.L. Katz, David Chirchirillo, Trent Haaga...

Depuis ses premiers essais gores et loufoques (Home Sick, Pop Skull) Wingard a acquis une certaine notoriété avec son slasher maniériste You're Next, jeu de massacre citationnel et rigolard. A cet égard, le retrouver avec The Guest n'est pas une surprise. De cette histoire vieille comme le monde d'un étranger à la fois séduisant et inquiétant qui s'infiltre au sein d'une famille, le cinéaste sort l'artillerie lourde du réalisateur-cinéphile à qui on ne la fait pas. A l'angoisse et l'ambivalence qu'induit généralement cette thématique (de Théorème à Borgman en passant par The Servant), il préfère un humour distancié et répétitif, et donne ainsi l'impression désagréable de prendre de haut, voire de mépriser à la fois son sujet et le cinéma qui l'inspire. Passe encore que l'intrus – soldat de retour au bercail qui vient rendre visite à la famille de son ami mort au combat – apparaisse comme un ersatz grotesque de Ryan Gosling dans Drive. Son impassibilité et sa douceur mêlées de violence rentrée réussissent un temps à susciter un léger malaise tout en jouant sur l'aspect parodique. Chaque nuit, le mystérieux inconnu est assis sur le lit qu'on lui prête et regarde fixement devant lui, comme s'il couvait quelque chose. Ces plans fixes, qui rythment tout le premier acte du film, rendent d'abord très bien un climat d'instabilité déraisonnée, puis lassent ensuite par leur systématisme.

The Guest 2

Le film souffre également de problèmes de ton, aidé en cela par des situations à la fois convenues et répétitives, et divers basculements génériques absurdes. Le problème n'est pas, en soi, de faire se côtoyer le thriller, l'actioner et le film d'horreur. L'idée d'emprunter à chacun de ces genres des motifs puisés essentiellement dans les années 80 crée même un climat particulier. Mais la légèreté et la bouffonnerie de cet usage donnent l'impression agaçante que Wingard méprise les films desquels il puise ses formes, et base ainsi sa cinéphilie sur une moquerie permanente et hautaine (à l'inverse, par exemple de Cabin In The Woods).

Ce qui n'empêche pas quelques bonnes idées : l'utilisation du son au début du film, qui marque l'enchaînement des séquences et accentue le dérèglement qui s'opère de l'une à l'autre. La poursuite finale dans un labyrinthe de fête foraine, si elle apparaît dans toute sa vacuité au pic d'un récit qui l'a bien mal amenée, offre tout de même de jolis gestes horrifiques : l'usage des miroirs, la fumée qui se dissipe et fait apparaître ou disparaître les personnages, etc. Malheureusement, ces quelques idées ne sont au service de rien, et surgissent comme autant de petits éléments autonomes au sein d'un film qui ne cherche vraiment ni à raconter quoi que ce soit (l'argument SF tombe comme un cheveu sur la soupe), ni à travailler la confrontation de ses différentes tonalités et atmosphères. Reste un cynisme léger mais endurant qui balaie presque tout effet, puisqu'il rend difficile l'empathie avec ses personnages ou l'adéquation avec ses formes.

The Guest

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