The Fives (Corée du sud - 2013)

Réalisation/Scénario : 

Interprétation :  | voir le reste du casting

 

La maison d'Eun-ah et de sa famille promène le motif du jeu de réaction en chaîne. Le film commence d'ailleurs par la mise en place méticuleuse de dominos, rendus dans un premier temps abstraits par les gros plans qui les représentent. De petits blocs de couleurs qui finiront par composer une image une fois installés. Jusqu'à ce qu'on les fasse chuter et qu'une autre image se substitue à la première.

Pour l'anniversaire de leur fille, Eun-ah et son mari ont mis en place un dispositif de réaction en chaîne où une bille tracera un parcours qui fera apparaître une banderole d'anniversaire et, en bout de course, le cadeau de l'adolescente. Le regard de la jeune fille suivant la bille, le sourire de ses parents, la corde qui fait tomber doucement le cadeau, tout n'est que lignes et mouvement.

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Le tueur en série qui anéantira cette famille dessinera un nouveau visage à la place de celui que portait Eun-ah, et d'un coup de domino, fera de l'image familiale une toute nouvelle image, bien différente de la première. Son antre à lui, est aux antipodes du domicile de sa pauvre victime. Il est sombre, inhabité, et aux lignes droites et mouvements de la première répondent à l'inverse une série de lignes torves et une immobilité effroyable. En lieu et place des visages souriants et des jouets mobiles, se dressent des poupées aux articulations voyantes annonçant déjà leur brisure possible, posées sur de petites planchettes horriblement statiques.

La traque de ces deux personnages se fera, tout au long du film, sur le motif duel du glissement interrompu. Eun-ah ne cesse d'avancer comme la bille du jouet de sa maison. Si l'agression lui a ôté l'usage de ses jambes, c'est sur un brancard, puis sur un fauteuil roulant qu'elle glissera désormais. Lors de l'achat d'une arme, elle jettera une liasse de billets sur une surface qui la fera glisser à son tour, jusqu'à être attrapée par une main qui, quelques minutes plus tard, fera chuter la pauvre femme de son fauteuil. Le reste de la quête d'Eun-ah filera sur ce motif du glissement interrompu, comme autant de forces vitales stoppées net. Son fauteuil roulant heurtant contre un mur, une chute dans les escaliers arrêtée brutalement, et jusqu'à la mécanique de la vengeance s'apparentant bien évidemment à celle de la réaction en chaîne.

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A cet égard, le film rend bien cette ligne de force entre ses deux personnages, antagonistes et complémentaires, en jouant sur leur proximité et leur éloignement, leur avancée et leur rencontre brutale. A cet égard, donc, on comprend assez mal pourquoi Jung Yeon-sik (réalisateur et auparavant auteur d'une série de web-comics qui déclinait déjà ce récit et ses personnages) s'embarrasse de ce récit alambiqué mettant en scène une équipée sauvage au service de leur impassible vengeresse. Si les tunnels dialogués et autres allers-retours entre les différents protagonistes parviennent ponctuellement à créer l'étrange dynamique d'un groupe à la fois uni et déconstruit, ils n'arrivent pas vraiment à détacher des individualités suffisamment fortes pour qu'on ait envie de les suivre. Le final dans l'antre de la bête rend presque inutile le déploiement de forces communes qui a précédé, et renverse comme les dominos inauguraux tout ce que le récit a peiné à construire. Puisque la plupart des enjeux s'articulent autour de notre duo ennemi, tout ce qui relève de cet improbable club des cinq paraît bien dérisoire, surtout sur une durée aussi longue.

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