Prowl
Prowl (USA/UK/Bulgarie - 2010)
Réalisation : Patrik Syversen
Scénario : Tim Tori
Interprétation : Ruta Gedmintas, Joshua Bowman, Perdita Weeks |voir le reste du casting
Donc, la fiction vampirique est à la mode, où qu’on dirige notre regard, en Europe ou en Asie, au cinéma ou à la télévision. En vrac, les vampires de Daybreakers, 30 jours de nuit, Twilight, Morse, Thirst, True Blood et autres auront très rapidement éjecté les zombies de nos écrans pour s’en emparer avec plus ou moins de mordant.
Le Norvégien Patrik Syversen, auteur de l’assez sympathique Manhunt, nous revient donc avec un long-métrage vampirique bulgaro-britannique sous une influence évidente de série B américaine, puisque le film démarre comme un campus-movie avant de muter progressivement en une sorte d’ersatz du 30 jours de nuit de David Slade, ce qui n’est pas forcément une excellente nouvelle.
Amber est une jeune adolescente étouffant au sein de sa famille et de sa petite ville. Avec quelques amis, elle décide de prendre la route pour chercher un appartement dans une grande ville. Syversen nous fait alors le coup de la panne, du routier très louche auquel notre sempiternelle bande d’adolescents fait confiance, et du changement brutal de genre lorsque le road-movie se fait heurter de plein fouet par le film de vampire.
Relecture adolescente d’Une nuit en enfer, alors ? Pas vraiment, puisque loin de propulser le film dans une dimension différente où règnerait une esthétique en forme de contrepoint (la surenchère horrifique opposée au road-movie énergique, dans le cas du film de Rodriguez), l’apparition des vampires détruit instantanément les (plutôt jolis) efforts du début du film. Les portraits de nos adolescents du jour sont joliment esquissés, au milieu de divers débordements émotionnels (au cours desquels notre héroïne apprend par exemple qu’elle n’est pas la fille de ses parents) où la déprime générale est accompagnée par une mise en scène sèche et brutale.
On connaissait la grande aptitude de Syversen à brosser en de très petites touches un portrait assez fin de ses personnages, on connaissait aussi malheureusement sa capacité à ne pas en faire grand chose par la suite. Ici, passée l’introduction et la (longue et inutile) péripétie du voyage), le film s’enlise dans une sorte de huis-clos vampirique absurde où se croisent les fantômes des créatures du film de David Slade, de Blade et de Buffy. L’ensemble ressemble finalement à un assez mauvais épisode de cette dernière, et provoque régulièrement un mélange de gentille consternation et de pouffements polis. Prowl est un film médiocre, à la fois trop ambitieux pour les épaules de Syversen (qui peine à correctement filmer tout ça) et en même temps pas assez (une attention plus grande à son scénario ne le rendrait pas forcément plus mauvais), mais finalement moins antipathique ou révoltant que la plupart des films présents cette année, au hasard, dans la compétition des inédits vidéo. Le film de Syversen, pour que justice lui soit rendu, trouvait peut-être dans un festival du film fantastique comme celui de Gerardmer son plus bel écrin.