Scherzo Diabolico (Mexique/USA - 2015)

Réalisation/Scénario : Adrián García Bogliano

Interprétation : Francisco Barreiro, Daniela Soto Vell, Jorge Molina | voir le reste du casting

 

D'emblée, Scherzo Diabolico (du mexicain Adrian Garcia Bogliano, auteur d'Here Comes The Devil et du lycanthropique Late Phases) pose ses formes et surtout sa structure narrative dans toute sa singularité. Suite de fragments d'une chronologie du hasard, rythmée par des répétitions (de la musique, des situations) et des brisures narratives perpétuelles, le film avance longuement sans abattre toutes ses cartes mais avec le sourire goguenard de celui qui a une bonne main. La première heure, on la passe ainsi dans un état de circonspection : bluff, pas bluff ? Jugeons plutôt : Aram mène une existence cabossée, prise entre une femme qui le brime, un patron qui l'exploite, une maîtresse salvatrice mais fonctionnelle, et surtout une étrange occupation dont on découvrira progressivement toutes les implications.

Bogliano préfère, dès le départ, l'enchevêtrement destructuré de situations à un déroulé chronologique des événements. Il tente ainsi de faire tenir ses séquences sur une corde raide, puisqu'il cherche à nous en faire éprouver les forces immédiates en nous cachant tous les fils qui les connectent les unes aux autres. Le but du jeu étant de nous balader sans nous perdre tout à fait, d'augmenter ses effets par une impression tenace que la mécanique sous-jacente nous échappe. Tout est dans le titre : le réalisateur cherche à transposer le rythme cassé du scherzo musical au cinéma.

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Et (malgré une tenue visuelle assez rebutante) cela marche un temps. Jusqu'à ce que le procédé s'épuise et que, pire, le film s'autorise un virage brutal : alors qu'il s'est échiné pendant une heure à essayer de nous intéresser au sort de personnages plus ou moins complexes, tout du moins à peu près écrits, le film explose au vol et remplace son sérieux par une dérision incompréhensible, qui vire à la franche gaudriole hystérique. Ce deuxième film qui se substitue au premier est inopérant parce qu'il donne l'impression que soudainement Bogliano se fiche de son film et de ses personnages, et qu'il prend un malin plaisir à souffler sur un fragile château de cartes qu'il avait construit avec peine.

L'étrange proposition de Bogliano peine d'autant plus à enthousiasmer que les bonnes intentions cachent mal une écriture approximative et, surtout, des capacités de mise en scène franchement limitées.

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