Yoga Hosers (USA - 2016)

Réalisation/Scénario : Kevin Smith

Interprétation : Lily-Rose Melody Depp, Harley Quinn Smith, Johnny Depp | voir le reste du casting

Depuis Clerks, c'est peu dire que la filmographie de l'auteur multicasquettes a pris d'étranges directions. Après la comédie morbide Tusk, qui narrait la séquestration et transformation en morse d'un podcaster arrogant, Smith revient avec Yoga Hosers, une sorte de suite/rip-off qui s'intéresse à deux personnages secondaires du premier film, les super copines Colleen et Colleen. Versions bourgeoises et un peu cruches de Daria, scotchées à leur téléphone portable et à leur cynisme ravageur. Lorsqu'elles ne subissent pas l'école, les pauvrettes sont bloquées dans la supérette toujours vide dans laquelle elles travaillent, quand elles ne jouent pas du rap bubblegum dans la cave avec un trentenaire déphasé (les meilleurs moments du film). Comme pour briser l'ennui, elles vont se retrouver impliquées dans une cérémonie sataniste, avant d'être confrontées à une invasion de saucisses nazies arborant le visage de Smith himself.

On ne pourra pas reprocher au film sa grande liberté de ton. En revanche, on peut trouver toujours aussi désagréable cette désinvolture cynique avec laquelle sont construites ses comédies revanchardes et blasées, petits théâtres pop désabusés qui fonctionnent en vase clos. Si le film joue, parfois avec joie, sur la complicité entre ses deux actrices, il hésite trop entre la sympathie qu'il leur porte (en de rares moments, elles évoquent les héroïnes de Ghost World, en violent décalage idéologique avec le monde) et la critique qu'il en fait (le plus souvent, elles sont futiles, peu cultivées et capricieuses, pur produit de leur époque). La tendresse s'estompe alors toujours au profit du pamphlet tous azimuts (les jeunes débiles, les parents frappadingues, les critiques très méchants), noyé dans la recherche un peu forcée d'un univers qui se voudrait singulier mais qui n'évoque au final qu'un mauvais Troma.