Mother's Day
Mother's Day (USA - 2010)
Réalisation : Darren Lynn Bousman
Scénario : Scott Milam d'après le scénario original de Charles Kaufman, Warren Leight
Interprétation : Rebecca De Mornay, Jaime King, Shawn Ashmore | voir le reste du casting
Deux de mes collègues ayant tenté leur chance et capitulé au bout d'une demi-heure un peu plus tôt dans la semaine (motif: « Une scène ressemblait à Choose, alors on s'est barrés »), je me retrouve donc seul dans la file d'attente pour ce film de Darren Lynn Bousman, l'homme de trois suites de Saw et de Repo ! The Genetic Opera.
Autant dire que ses boulots précédents ne laissent rien augurer de bon, mais enfin, autant lui laisser la chance, et puis j'ai le choix entre mater son film et rester seul dans l'appart pour bouquiner – péché ultime number one du festivalier géromois – pendant que les autres vont mater Babycall, que j'ai vu le matin pendant qu'ils pionçaient – péché ultime number two du festivalier géromois. Babycall qu'une sympathique connaissance nous annonce comme le grand prix, ayant couru depuis l'espace Lac pour pouvoir voir Mother's Day. La révélation du palmarès provoque une consternation quasi totale dans la file d'attente, mais on passe outre quand on nous laisse entrer dans le Paradiso: après tout, mieux vaut être pleinement mobilisé quand on va voir un film du sieur Bousman.
Première surprise durant les premières minutes: Bousman ne semble pas garder grand chose de la glorieuse production Troma dont il fait le remake. Ici, la famille s'est élargie, et agit dans un cadre urbain. On dit au revoir au cradingue grotesque, et on dit bonjour au bourrinage formaté. Non que ce soit une tare en soi: Bousman œuvre simplement dans un domaine qui n'a qu'un intérêt limité si l'on considère les richesses potentielles du cinéma de genre. Les pérégrinations du groupe de jeunes adultes plutôt aisés qu'il filme, aux prises avec des prédateurs qui leur ressemblent diantrement, restent toujours plutôt convenues. Même si Bousman semble avoir ralenti le tempo de son cinéma dans le but de saisir un brin plus de subtilité dans la mise en scène de ses personnages, un certain nombre de tares alourdissent toujours son cinéma. L'incapacité constante du metteur en scène à créer un espace cinématographique compréhensible est ainsi plus qu'handicapante, surtout lorsqu'on sait que Mother's Day est un huis clos. L'ouverture ex abrupto et la fadeur générale du casting n'aident pas non plus à s'immerger dans ce qui devrait être une critique corrosive de la société de consommation et de la structure patriarcale. Mother's Day offre, en ce sens un saisissant contrechamp de The Woman.