Beyond The Black Rainbow
Beyond The Black Rainbow (Canada - 2010)
Réalisation/Scénario : Panos Cosmatos
Interprétation : Eva Bourne, Michael Rogers, Scott Hylands |voir le reste du casting
Autre rescapé des marathons festivaliers, le Beyond the Black Rainbow de Panos Cosmatos se traîne depuis quelques mois une réputation plus que mitigée. Une affiche magnifique, une bande-annonce intrigante et un sujet mystérieux avaient grandement fait saliver une certaine frange de l'univers Cinéma, qui s'est finalement retrouvée tiraillée entre ardents défenseurs d'une science-fiction hantée et très esthétisée et les autres, qui lui reprochent un maniérisme puéril et une lenteur insupportable.
L'action se passe au début des années 80, et l'on suit un très étrange docteur qui tient enfermée une jeune femme dans un bâtiment coloré et labyrinthique duquel elle cherche absolument à s'échapper.
Du propre aveu de l'auteur, le film se veut un hommage à un certain cinéma de science-fiction des années 80, lui-même hérité de la science-fiction des années 70. Alors effectivement, le film pioche par-ci par-là : 2001 l'odyssée de l'espace, THX 1138, et même (oui, oui) Xtro. Mais il réinvestit aussi les imageries d'un cinéma plus récent, puisqu'on pense un peu, par instants, à Dark City. Si l'inventaire des références de ce film semble relativement utile, c'est qu'il ressemble un peu à un équivalent pour ce type de science-fiction de ce qu'était Amer pour le giallo. Un étirement extrême de détails, d'ambiances et de fétiches. Ici, en revanche, on ne capitalise pas sur une succession brute et totalement vide d'une série de motifs inhérents au genre, mais on les réemploie pour poser un décor fantasmatique de cinéphile. En outre, l'insupportable fragmentation du film français n'est plus de mise dans le film canadien, qui lui préfère une lente exploration, planante mais dirigée vers un point unique.
Plastiquement impressionnant par instants, Beyond the Black Rainbow arrive parfois, grâce à son économie rythmique et à son sens du sursaut fulgurant, à captiver. Le reste du temps, on s'ennuie beaucoup, et (pire que tout), on rit de certaines idées d'un ridicule accompli. Quoi qu'il en soit, on peut quand même se permettre d'attendre quelque chose de la part de Cosmatos, qui sait indéniablement produire des images.