Norwegian Ninja
Norwegian Ninja (Norvège - 2010)
Réalisation/Scénario : Thomas Cappelen Malling
Interprétation : Mads Ousdal, Jon Øigarden, Trond-Viggo Torgersen | voir le reste du casting
Arne Treholt se fait arrêter par la police de son pays, la Norvège, pour des activités d'espionnage. Haute trahison, complot soviétique, disent les journaux. Norwegian Ninja va s'attacher à nous montrer l'envers du décors, et va suivre la mystérieuse force ninja que Treholt dirigeait pour le compte de Sa Majesté de Norvège.
Le spectateur français doit faire un petit effort pour saisir le point de départ du film: Norwegian Ninja, c'est un peu comme si on tentait de nous expliquer que Charles Pasqua n'était pas du tout un mafieu à moitié facho avec l'accent marseillais, mais un agent secret ayant entrainé des générations d'anarcho-libertaires dans les sous-sols du ministère de l'intérieur. Treholt a vraiment existé, et a vraiment eu les petits ennuis avec la justice qui ouvrent le film. Le reste, bien sûr, n'est qu'extrapolation de la part du réalisateur Thomas Cappelen Mailing, qui réalise pour le coup son premier film. Comme la plupart des spectateurs de Gerardmer, nous attendions beaucoup de ce film, pour son titre à l'international d'abord, gentiment frappadingue, pour la photo utilisée dans le catalogue du festival ensuite, montrant deux beaux spécimens nordiques en train de se fritter en haut d'une montagne. À la sortie de la salle, l'équipe de Torso ne put que constater l'étendue des dégâts causés par les ninjas dans ses troupes: un soldat tomba au combat au bout d'une douzaine de minutes, et ronfla ensuite pendant l'heure restante. Deux autres, grièvement blessés, tournèrent de l'œil mais ne lâchèrent rien. Votre serviteur est le seul à avoir survécu à la projection sans trop de dommage, c'est donc lui que ses pairs désignèrent pour relater l'expérience.
Si Norwegian Ninja, malgré sa courte durée et son pitch incendiaire, peut s'avérer aussi difficile d'approche, c'est en raison d'un handicap de taille, son manque de clarté narrative. Ce problème devient frappant dès l'exposition passée, et va gêner d'un film qui, paradoxe, se veut un hommage à tout un pan du cinéma italien d'exploitation dans lequel la rapidité d'exécution et la simplicité étaient primordiales. Norwegian Ninja est un sacré bordel, certes joyeux, mais un bordel tout de même. En festival, quand on se mange huit films dans la journée, être incapable de suivre ne serait-ce que vaguement les enjeux d'un long-métrage devient rapidement prétexte à une petite sieste: gageons que dans d'autres circonstances, le spectateur puisse produire le surplus d'effort nécessaire à une bonne réception de Norwegian Ninja.
Pourquoi se forcer, me direz-vous, si on y entrave que dalle ? Et bien, pour une raison toute bête, mes amis : Norwegian Ninja a aussi de grandes qualités. Au niveau visuel, imaginez un mélange de Danger Diabolik et d'Inglorious Bastards (version Castellari), un joli patchwork très pop avec de belles teintes passées, des explosions et des maquettes sympatoches. Rajoutez une bonne couche d'humour à la masse: les Ninjas sont protégés par un Feng Shui version Dragon Ball qui sort de statues en carton-pâte, les apprentis Ninjas s'affrontent au cours d'épreuves de course d'orientation, ils apparaissent et disparaissent au milieu de troupeaux de moutons... Ça donne envie quand même, non? Alors si vous pouvez passer outre l'incapacité flagrante du bonhomme derrière le combo de retranscrire les complexités d'un script dont on ne doute pas de la qualité, ce film est fait pour vous!