New Kids Turbo (Hollande - 2010)

Réalisation/Scénario : Steffen Haars, Flip Van der Kuil

Interprétation : Huub Smit, Tim Haars, Wesley van Gaalen |voir le reste du casting

On n'avait jamais vu ça à Gérardmer. Après le premier film de la fameuse « nuit fantastique » du samedi soir (Tucker & Dale fightent le mal, que nous n'avons pas vu à ce moment-là), l'ambiance dans l'espace LAC est presque digne d'un concert de rock. Les spectateurs trépignent, dans un tohu-bohu étrange qui dénote un peu dans une salle de cinéma, les bouteilles diverses et variées s'ouvrent, les canettes se décapsulent dans un soupir.

De courte mémoire de festivalier, c'est la première fois que je vois les gens de la sécurité à l'affût, parcourir la salle de long en large en faisant des exemples de bouteilles confisquées aux festivaliers les plus fêtards, brandies bien haut pour dissuader les autres. Bon, tout ceci est resté très bon enfant, et je ne pense pas que ça ait dissuadé grand monde au final.

Si je m'attarde un peu là-dessus, c'est pour appuyer le fait que le film qui nous attendait alors se prêtait à merveille avec pareille ambiance, et vice-versa. Pendant presque une heure et demie, peu de zygomatiques dans la salle ont eu le temps de se relâcher, sous le joug de l'impitoyable New Kids Turbo.

Premier long métrage des deux créateurs (et acteurs) d'une série télévisée hollandaise (ce qui en fait des sortes d'équivalents européens des auteurs-acteurs du Saturday Night américain) centrée sur les mêmes personnages, New Kids Turbo est un film dévastateur, à la fois profondément hilarant et joyeusement anarchiste. Une sorte de Trainspotting vidé de sa substance mélodramatique. Nous suivons ainsi les aventures d'une bande de cas sociaux d'une petite ville des Pays-Bas qui se retrouvent du jour au lendemain sans travail ni allocations et décident du coup, en pleine crise financière, de ne plus rien payer du tout. Notre petite bande vole alors à tour de bras, jusqu'à ce que le gouvernement s'inquiète sérieusement de leur comportement, qui commence à déteindre sur le reste du pays.

Les deux metteurs en scène tiennent leur film à un rythme assourdissant, font couler un humour qui peut parfois rappeler South Park mais qui est souvent très personnel, et se permettent en plus le luxe d'un discours anarchiste bienvenu (alors que l'on pouvait craindre, au début du film, une certaine complaisance réactionnaire dans le fait de fustiger ainsi une classe ouvrière dépeinte de manière peu reluisante). Le film saute en fait sur tout ce qui bouge, et finit par nous rendre attachante cette bande de dégénérés qu'on a hâte de retrouver dans une suite d'ores et déjà annoncée : New Kids Nitro. Le festival de Gérardmer ne peut décemment pas s'éteindre avant de l'avoir projeté !