The Bay
The Bay (USA - 2012)
Réalisation : Barry Levinson
Scénario : Michael Wallach
Interprétation : Will Rogers, Kristen Connolly, Kether Donohue |voir le reste du casting
C'était inévitable, le found footage s'inscruste désormais dans un cinéma hollywoodien plus grand public, ici aux mains d'un vétéran bankable qu'on croirait choisi au hasard parmi les heureux possesseurs de statuettes dorées prenant la poussière sur une étagère : Barry Levinson (oui oui, Rain Man).
Réalisant du B comme un vieillard s'essaierait maladroitement à un argot moderne, l'auteur (de Good Morning Vietnam, oui oui) signe une sorte de remake des Dents de la mer (le seul film du genre qu'il ait vu ?) qu'il habille des fort laides guenilles d'un dispositif démodé avant l'heure.
Nous suivons, à travers les images « sur le vif » d'un quotidien rose-Reagan-bonbon, une invasion progressive de parasites qui font ressembler tout un chacun aux infectés de Nicotero dans Planète terreur, sans les talents du monsieur. Et les images qu'on nous présente sont censées constituer le montage d'images enregistrées par les protagonistes du drame et volées au gouvernement qui voulait les cacher (on imagine sans peine un documentariste méticuleux parvenant à monter un champ-contrechamp d'une conversation Skype dont les deux interlocuteurs se trouvent chacun à un bout du globe).
Au-delà d'une intrigue sans grand intérêt et d'enjeux inexistants (le gentil maire un peu fautif, le désastre écologique que les vilains occidentaux provoquent, la pauvre journaliste débutante ayant choisi un pantalon trop serré, et j'en passe), ce qui frappe surtout à la vision de The Bay est l'inutilité du found footage (un reproche qu'on regrette presque, par contraste, d'avoir fait à Chronicle l'an dernier) et la manière dont ce dispositif s'évertue à proposer des images toutes plus laides et inefficaces les unes que les autres. Sans parler du fait qu'il sert de prétexte à une absence régulière de mise en scène (exemple : une image fixe illustrée par des sons qui constituent le seul matériel d'un événement durant toute une séquence), une création du suspense bien superficielle (ce déjà culte dialogue en texto s'achevant par la perte de l'un des deux interlocuteurs, laissant l'autre quelque peu désoeuvré) et à une répétition abérante de situations identiques.
Ne parvenant jamais non plus à créer l'effroi (le rire s'invite plus promptement), c'est peu de dire que ce The Bay de (déjà) triste mémoire échoue sur tous les tableaux. On en regretterait presque The Forest.