The Crack
The Crack (Argentine - 2012)
Réalisation/Scénario : Alfonso Acosta
Interprétation : Alan Daicz, Victoria Gaitán, Billy Heins | voir le reste du casting
Fallait-il fumer la drogue du même nom pour apprécier ce film? Chez Torso, nous détestons cette facilité journalistique: dire d'un film qu'il est « comme du [citer un réalisateur ou un film] sous [citer une drogue] », c'est bête et souvent ça ne veut rien dire. En revanche, pour The Crack d'Alfonso Acosta, on peut légitimement se poser la question...
Tout commence plutôt bien, avec une séquence de fête adolescente un brin surréaliste (autre facilite journalistique à la mode, dire de quelque chose que c'est « surréaliste », bientôt on dira du prix d'une table basse ikea qu'il est surréaliste). Les participants portent des masques d'animaux, l'ambiance est ouatée, on suit avec curiosité les déambulations du jeune héros, qui ne trouve plus sa sœur... le drame se noue, la jeune fille meurt.
Le film, à partir de là, part en sucette – oui, on sait, ça vient de commencer. Le garçon, toujours en deuil, un an plus tard, retrouve sa famille dans une hacienda au milieu de la foret (non Darren Lynn, il n'y a pas de kangourou volant dans ce film, malheureusement). L'ambiance est tendue, et c'est rien de le dire. Acosta, malheureusement, voudrait nous montrer qu'il est intelligent. Il charge chacun de ses plans d'un simulacre d'ambiguïté, et pour être bien certain que le spectateur comprenne qu'il n'est pas certain de comprendre, le réalisateur instaure un rythme d'une plombante pesanteur. L'équation « lent = intelligent », d'une naïveté confondante, reste un des mystères du cinéma dit d'auteur. Acosta en rajoute une couche en décidant de saupoudrer son œuvre de références plus ou moins lourdes à la psychanalyse lacanienne. Désolé, mec, mais je compte pas relire l'ensemble des Séminaires pour savoir si ton travail est conforme ou non aux théories de cet allumé génial de père Lacan. Du coup, consterné, je me contente de laisser pendre de plus en plus ma mâchoire tandis que ton film s'égraine, et je t'en veux un peu quand tu me fais miroiter une scène sexy qui ne vient jamais (mais c'est l'idée, je sais je sais). Heureusement que tu fais apparaître un gamin rouquin qui ressemble à un hobbit, sinon je me serais endormi. D'ailleurs, tu devrais t'inspirer du chef d'œuvre de Makinov, lui il a compris que les gamins ils sont pas un peu méchant un peu gentil, c'est tout ou rien chez Makinov, hein! Alfonso, si tu pouvais voter en France, tu mettrais sans doute un bulletin Bayrou dans l'urne, et tu le ferais avec des lunettes. Fais comme Makinov, sors toi les doigts du cul, enfile une cagoule rouge, devient débile et revendicatif! Ton prochain film ne sera peut-être pas meilleur, mais il sera au moins un peu moins chiant. Parce que là, franchement, j'ai eu pitié pour toi quand la salle - jusqu'ici plongée dans une torpeur absolue - a applaudi à tout rompre quand tu as mis un carton « Dernier Jour » avant le dénouement du binz. Ça a même réveillé le membre du jury qui faisait sa sieste à quelques sièges de mon stratégique positionnement dans le premier rang! Tu te rends pas compte! J'ai subi ton film DEPUIS LE PREMIER RANG, avec une probable gueule de bois! Mec! S'il te plait! Fais quelque chose! Allez je t'aide: pour ton prochain film tu gardes le masque de cochon, tu rajoutes une arme blanche, et tu fais en sorte de dezinguer au moins la moitie du casting pendant la première heure. Quoi? Ça a l'air stupide? Peut-être, mon vieux, mais au moins on peut espérer que ce sera pas trop prétentieux!