Headshot
Headshot (Indonésie - 2016)
Réalisation : Kimo Stamboel, Timo Tjahjanto
Scénario : Timo Tjahjanto
Interprétation : Iko Uwais, Chelsea Islan, Sunny Pang | voir le reste du casting
Après un Killers de triste mémoire, Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto (qui ne s'amusent plus à se surnommer les Mo Brothers, allez savoir pourquoi) remettent le couvert et signent un nouveau polar sanguinolent. Toutefois, le casting et la castagne annoncent la couleur d'emblée : on se trouve davantage sur le terrain de jeu des The Raid (Gareth Evans) que dans le thriller pur et dur du précédent effort des deux cinéastes. Soit un film de baston très chorégraphié et extrêmement brutal. Le postulat est simple : un homme (Iko Uwais, toujours impressionnant) se réveille à l'hôpital après avoir reçu une balle dans la tête. Il ne se rappelle de rien, mais est visiblement traqué par une bande de méchants loustics qui lui veulent du mal. Question : n'a-t-il pas lui-même fait partie de cette bande avant ce malencontreux épisode de trépanation ?
Le récit est évidemment prétexte à une succession de saynètes d'action souvent assez gore et, surtout, fondées sur un ludisme qui repose sur l'utilisation systématique du plus grand nombre possible d'éléments du décor ou d'accessoires. Ca tabasse donc sévère pendant deux heures, les coups portent et font mal (l'hystérisation des combats ne déréalise pas la violence et les marques des coups), mais manque ce qui faisait le sel de The Raid : un mélange d'épure (narration simple, huis-clos) et de sophistication formelle. Le film marquait par la volonté claire du cinéaste d'épuiser en profondeur la totalité des possibilités qu'offrait chaque séquence. Le moindre objet ou élément de décor est utilisé et, surtout, Evans donnait l'illusion (trompeuse, par définition), que toute possibilité formelle avait été utilisée à la fin de chaque séquence.
S'il y a épuisement ici, c'est très vite celui des enjeux (on se fiche royalement de ce qui arrive au moindre des personnages), des idées (les bastons sont toujours relativement efficaces et fondées sur la chorégraphie des acteurs plus que sur le montage, mais la mise en scène pataude ne les transcende jamais) et, in fine, du spectateur.