Johnny Frank Garrett's Last Word
Johnny Frank Garrett's Last Word (USA - 2016)
Réalisation : Simon Rumley
Scénario : Ben Ketai, Marc Haimes
Interprétation : Sean Patrick Flanery, Erin Cummings, Mike Doyle | voir le reste du casting
1981, Amarillo, Texas. Johnny Frank Garrett est accusé du viol et du meurtre d'une sœur de 76 ans. Il finira sur la chaise électrique. Au cours des mois qui suivront, les responsables de sa condamnation mourront les uns après les autres dans des circonstances mystérieuses. En 2008, le documentariste Jesse Quackenbush tire un documentaire de cet étrange et scandaleux (Garrett serait en fait innocent) fait divers, The Last Word. Aujourd'hui, Simon Rumley a la bonne idée d'en tirer une fiction, et de s'éloigner du drame mystérieux pour livrer un véritable film d'horreur.
Quatre ans après The Sacrament de Ti West, Rumley observe la propension des Américains à générer des gourous assassins, et interroge la place des images dans l'exercice de leur pouvoir sur l'imaginaire des gens. Ici, Garrett n'est pas un gourou, mais son apparence le place d'emblée, avant même sa mort et sa réapparition spectrale, comme un fantôme de Charles Manson. Le jeune homme imberbe et bien coiffé qui précède la condamnation devient, à la veille de sa mise à mort, un hirsute barbu aux yeux fous. Le film avance ainsi l'idée que la condamnation crée la folie, pas le contraire. Garrett, probablement innocent, devient coupable à cause de la société qui le tue, et prend l'apparence de Manson, métamorphosé par le regard de cette société qui le diabolise.
L'emphase, feinte à aucun moment, avec laquelle Rumley filme son personnage contre les fous furieux qui le condamnent, est stupéfiante. L'horreur surgit dans le film dès l'introduction, à grands renforts d'un montage sec et d'une succession de gros plans terrifiants sur une brochette d'accusateurs dont le visage haineux est la véritable niche du Mal. Faire de cette histoire sordide un film de fantômes ne dit rien d'autre que l'habitude d'esprits bornés à créer ses propres démons.
Simon Rumley, dont on se rappelle l'étrange The Living and The Dead et, surtout, un uppercut nommé Red, White and Blue dont on s'était très difficilement relevés, parvient à faire exploser des séquences par la seule force de leur montage et de leur traitement sonore. Johnny Frank Garrett's Last Word frappe moins par les événements décrits que par la capacité de la mise en scène à opérer des crescendos brutaux. Malheureusement, on a un peu l'impression que le cinéaste ne sait, au bout d'un moment, plus trop quoi faire de son sujet, et que l'agressivité de sa réalisation masque parfois un certain manque d'idées et d'enjeux. Les personnages hantés par le spectre du prétendu assassin sont, au final, moins intéressants que lorsque, au début, ils étaient possédés par la haine.