The Innkeepers
The Innkeepers (USA - 2011)
Réalisation/Scénario : Ti West
Interprétation : Sara Paxton, Pat Healy, Kelly McGillis |voir le reste du casting
Ti West est vraiment un auteur à part dans le paysage du cinéma de genre américain de ces dernières années. Réalisateur d'une sympathique série B horrifique fauchée et révérencieuse avant l'heure du renouveau grindhouse (The Roost), d'une torgnole teenage délirante en guise de suite surpassant l'original (Cabin Fever 2) mais aussi d'un slasher sataniste d'un look rétro qui ne devait rien aux machines à broyer du post-moderne de Tarantino et Rodriguez (The House of The Devil), Ti West semble décidé à ne rien faire comme tout le monde.Pour autant, il est vrai que si West intrigue et peut même fasciner par instants, il ne convainc pas toujours tout à fait non plus, la faute à des long-métrages en dents de scie, pétris de bonnes intentions et de bonnes idées, mais ne parvenant jamais vraiment à décoller.
C'est donc peu dire qu'on attendait The Innkeepers, et sa très belle affiche, avec la bave aux lèvres et cette fébrilité, rare, que l'on ressent lorsqu'on espère voir émerger un metteur en scène passionnant. Et la première partie du film ne contredit pas ces attentes, loin de là. Nous accompagnons Luke et surtout Claire (excellente Sara Paxton) dans un immense hôtel vide, qui vit ses derniers jours avant fermeture, dont ils sont les employés de nuit. Ils vont très vite s'apercevoir que d'étranges phénomènes ont lieux la nuit dans ses couloirs, et l'hypothèse du fantôme d'une femme s'étant suicidée dans l'hôtel il y a un siècle surgit.
Durant toute sa première partie, West excelle à nous présenter deux personnages très touchants, à les planter dans un décor fantastique et à installer une atmosphère délétère impeccable. Après The House of The Devil, il prouve ainsi qu'il sait filmer les jeunes femmes errant dans de longs couloirs ténébreux comme personne. Il confirme aussi ce que l'on savait depuis Cabin Fever 2 : sa caméra parvient très bien à épouser le point de vue d'un personnage, ou à tisser des liens entre plusieurs d'entre eux. Elle se plait aussi très souvent à se poser face au visage de son personnage féminin pour en débusquer les petits tics, les grimaces infimes qui parviendront à la faire exister.
Le problème, c'est qu'une fois ce décor longuement planté, on sent que West n'a pas du tout envie, ou en tout cas ne sait pas bien comment faire pour passer du premier acte à un deuxième, dans lequel l'action prendrait le pas sur la mise en place. Ainsi, l'intrigue patine à coups de fausses pistes, d'intrusions fantastiques sans grande originalité (les touches d'un piano qui s'enfoncent toutes seules, c'est très moyen quand même...), d'effets horrifiques mal dosés (on peine quand même beaucoup à avoir peur), et surtout par la faute d'un scénario relativement vide. Un vide qui ressort d'autant plus que le film prend des allures de roman gothique classique, poussant le vice jusqu'à se diviser en chapitres. Sauf qu'au milieu de ces chapitres, on ne nous raconte pas grand chose. On a le sentiment désagréable que West aurait préféré continuer de se promener dans des couloirs vaguement effrayants avec son héroïne plutôt que d'entrer enfin dans le vif du sujet. Ce qui explique peut-être, en un sens, la fin un peu brutale.
Au final, on ressort de The Innkeepers avec cette sensation extrêmement frustrante de gâchis, face à un film encore une fois loin d'être dénué d'intérêt, mais qui n'aura jamais réussi à déployer ses ailes. Allez Ti, gageons que ce sera la prochaine fois !